Liège. Le Palais épiscopal et la Cathédrale Saint-Lambert au XVII è siècle
Anne-Geneviève de Longueville
Anne-
Geneviève de Bourbon, princesse de sang, aînée du Grand Condé, avait épousé en
1642, âgée de vingt-trois ans, Henri II d’Orléans, duc de Longueville qui en
avait quarante-sept. Elle était célèbre alors pour son esprit et plus encore
pour sa beauté. Elle voyagea dans notre pays, dont à Bruxelles, Namur et Liège.
Ce qui suit est de la plume de Claude Joly, chanoine de l’église Notre-Dame à
Paris.
« Le 11 juillet 1646, nous
allâmes coucher au Liége, ville capitale de l’Estat des Liégeois, laquelle doit
son nom de Legio, à ceux d’une Légion Romaine que les habitants du païs mirent
en pièce avec cinq cohortes commandées par Cotta et Sabinus, ainsi que César en
témoigne au 5. livre de ses Commentaires. D’autres luy donnant son nom d’un
petit fleuve appelé Légie, qui aboutit dans la Meuse. L’on y parle encore
communément le François, mais antique et grossier. La Meuse passe au travers de
la ville, mais pas par son milieu car la partie qui est du costé gauche, en
descendant où est le port, est bien plus grosse et plus peuplée que celle du
costé droit. Il y avoit autrefois un Pont de pierre qui les joignoit ;
mais à présent, il est rompu au milieu et il n’en reste plus que quelques
arcades de chaque costé. Au lieu d’icheluy, l’on a fait au-dessous un pont de
basteaux.
Dans la partie de la ville qui est à
gauche, est une Eglise cathédrale, appelée S. Lambert laquelle est assez grande
mais grossière et massive ; au-devant sont deux tours égalles, comme à
Paris, mais plus petites. (…) Derrière le Chœur est le marché où il y a du
costé de l’Eglise une Fontaine et de l’autre la statue d’un illustre Bourg-Maistre ;
à un coin est l’Hostel de Ville. A costé gauche de l’Eglise est une grande
place où est le Palais Episcopal qui est
fort beau.
(…)
L’Eglise Collégiale des Chanoines
appelée S. Paul est assez belle. On me dit qu’il y avoit dans la Ville sept
Chapitres.
En l’Eglise S. Jacques, où sont les
religieux de Saint Benoist qu’on tient fort riches, il y a un Jubé et deux
austels. Sur ce bras de la Meuse respondent les derrières des plus belles
maisons de la Ville ; au-devant desquelles est une longue Rüe que l’on
nous dit estre la principale.
La ville de Liége est vaste et assez
peuplée mais de petit peuple. Le païs est fort fertile ; il y croît de
forts bons bleds et quantité de charbons de pierre et de métaux ; d’où ils
disent en commun proverbe, que leur pain est meilleur que le pain, leur feu
plus chaud que le feu et le fer plus dur que le fer.
La Ville traitta au soir leurs
Altesses à la mode du païs. C’est-à-dire de quantité de belles et bonne viandes
et de confitures dorées, mais le tout si mal assaisonné à nostre goust, qu’on n’en
pouvait manger. "
Extraits d’un article de Léon Halkin, paru
dans « La revue de la vie wallonne illustrée » le 1 er trimestre
1950.
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