En ce
temps-là, dans chaque village ardennais, il y avait, à défaut de coiffeur comme
en ville, l’un ou l’autre particulier qui se chargeait de faire la barbe et
tondre les cheveux. C’était souvent le boucher-chwerseur ( = écorcheur, soit
celui qui dépouille un animal de sa peau), ou le forgeron de l’endroit qui
faisaient office de barbier. Ah ! ça ! les cheveux étaient souvent
taillés en escalier et les mentons balafrés : rasoir et ciseaux étaient,
en effet, de tranchant approximatif.
Batisse de
bièrdji, écorcheur à domicile, flairait perpétuellement le pèkèt et vous voilà
dans l’ambiance du « salon de coiffure » de Bovigny.
Voilà que justement
entre un client de marque. C’est le bourgmestre, venu pour la barbe.
- « Bonne
nute, Batisse !
- Bonne
nute, bourguimêsse !
- Ti m’vas
fé l’bâbe, hin, valèt.
- Assiofe,
assiofe, bourguimêsse !
Mais Batisse
n’a pas d’eau chaude. Voilà qu’il crache tout bonnement sur le blaireau en
poils de sanglier.
- Què fêt-ce
don là, Batisse ?
- Ah !
nosse mayeû, c’est bin pace ku c’est vos, ka âs ôtes, v èyoz-vè, dji l’z’t
rêtche so l’gueûye. " ( traduction : Ah ! notre mayeur, c’est
bien parce que c’est vous, parce que les autres, voyez-vous, je leur crache au visage )
Signé :
Rouva
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Roùvâ est le
nom d’un lieu-dit situé entre Bovigny et Courtil. Il fut choisi par Joseph
Peters (Vielsalm 7 mars 1878 – Honvlé 10 septembre 1966) qui fut chef de la
gare de Bovigny de 1911 à 1943. Aîné d’une famille de sept enfants, il fit son
école moyenne à Stavelot après avoir fréquenté l’école primaire de Vielsalm.
Après un service militaire de trois ans, il entra à la SNCB à Vielsalm, fut
transféré à Roanne (Coo) pour terminer sa carrière à Bovigny.
Rouva
écrivit de petits récits que publia l’Annonce de Vielsalm.
Cet article
fut repris à son tour dans « Glain et Salm – Haute Ardenne », numéro
13, décembre 1980
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